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Municipales : Couvrez ce logo que je ne saurais voir !

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affiches electorales super hero

Difficile en cette veille de scrutin municipal de dénicher des affiches électorales portant haut les logos de l’UMP et du PS. La rose au point et le chêne  ne se sont jamais fait aussi discrets sur des supports où même les codes sémiologiques traditionnels  ont souvent été contournés. A l’inverse, le FN et le Front de Gauche dont les identités graphiques se déploient fièrement sur l’ensemble du territoire, rêvent d’une municipale plus politique que jamais. Une fracture communicationnelle tragiquement révélatrice de l’état de délabrement des grandes formations politiques, dont les choix en termes d’image sont de plus en plus hasardeux.

Hyper-Localisation VS nationalisation du scrutin

Rarement PS et UMP n’auront adopté stratégie aussi similaire. Du côté socialiste l’impopularité historique du gouvernement pousse candidats et surtouts maires sortants à se départir symboliquement  de leur attache partisane. Avançant souvent leur volonté d’ouverture et l’endémisme du contexte local, ils sont particulièrement nombreux à délaisser la rose  au  profit de logos créés pour l’occasion et localisant le scrutin. L’UMP ne fait pas mieux. Loin de profiter des errances gouvernementales,  Jean François Copé ne peut que constater  que l’étiquette UMP ne fait guère plus rêver les candidats. Avec les dernières affaires d’écoute, de surfacturions, de démêlés divers avec la justice et un climat plus que délétère, l’UMP synthétise tous ce qui éloigne de jours en jours les français de la politique.

Autant de raisons pour les deux candidats autoproclamés antisystèmes que sont Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen de chercher à politiser l’élection qui l’est habituellement le moins.

Jean-Luc Mélenchon a ainsi encouragé les électeurs à faire des municipales, des élections nationales. Fustigeant des « chefs politiques à la ramasse », le leader du Front de Gauche a appelé à un vote sanction du gouvernement,  arguant que « Les élections municipales sont des élections politiques jusqu’au bout ». Marine Le Pen est allée plus loin en s’en prenant à l’ensemble des maires PS de l’Hexagone ; «petites  répliques de François Hollande, chacun à sa place, chacun dans son fief ». Ajoutant que « chaque voix donnée à un de ces sortants est une voix donnée à François Hollande.

Pour les deux tribuns, politiser a outrance les municipales répond à un impératif tant tactique que stratégique. Dans un premier temps il vise à palier le relatif anonymat des candidats de leurs formations en les drapant d’un étendard identifiable et fédérateur. Ensuite, à plus long terme, une progression notable aux municipales mettrait les deux partis dans une dynamique avantageuse pour les élections européennes, dont ils ont fait leur priorité politique.

Terre brûlée politique

Evidemment la réalité des municipales se nourrit surtout d’enjeux locaux et les communes de moins de 10 000 habitants sont par tradition plus que d’autres épargnés par la bataille idéologique. Mais ceux des ténors PS et UMP qui dans les grandes villes ont fait le choix de la discrétion politique commettent pourtant trois erreurs.

D’abord  Les électeurs ne sont pas dupes et ils savent pour qui ils votent. Martine Aubry a beau arborer une affiche vierge de tout logo ; qui dans ses électeurs ignore son appartenance au PS ? L’action politique est un tout. Les enjeux municipaux, évidemment emprunt de leurs particularismes, ne doivent pas pour autant remiser aux oubliettes l’expression la plus évidente et la plus saine du pluralisme démocratique. Dans un souci d’honnêteté idéologique et par respect de l’intelligence des électeurs, il devrait même être du devoir de chacun d’énoncer clairement les partis qui ont adoubé sa liste.

Deuxième impair ; En choisissant une stratégie du « profil bas » qui les fait paraitre honteux de leur appartenance politique, ces candidats sans blasons obéissent aux injonctions de leurs adversaires antisystème. Ils apparaissent timorés face à des formations plus offensives qui appellent à les sanctionner. Leur réponse loin d’être sur le terrain des idées, se réduit à tenter de  brouiller les pistes et à maquiller les preuves. Il fait trop chaud alors cassons le thermomètre. Une posture du dos rond qui ne fait que renforcer l’image d’opportunisme et de malhonnêteté intellectuelle d’une classe politique dont l’opinion ne cesse de conspuer l’extraordinaire propension à retourner sa veste.

Enfin, (et c’est sans doute le plus problématique pour eux) ;  ces candidats masqués abandonnent le terrain politique aux formations qui capitalisent sur leur rejet. Il n’y a qu’à se pencher sur leurs slogans et leurs mots d’ordre pour constater que cette logique anti partisane les conduits à ânonner une succession de mots valises lénifiants sans aucun marqueur identitaire. Le quotidien Libération qui a compilé dans un nuage de mots l’ensemble des slogans de ces municipales est arrivé à une maxime idéale qui donnerait : « Avec vous, tous ensemble pour vivre l’avenir ». Résultat : une terre brulée politique ou le seul contenu idéologique fleurit chez les formations d’extrême gauche et d’extrême droite à qui le legs idéologique a été littéralement abandonné.

Les municipales ne sont pas encore passées que les sondages placent déjà le FN en tête des intentions de vote aux élections européennes. Si la sanction politique ne sera pas totale dans deux jours, il se peut que le mois de mai soit moins clément.

Pierre Dewever

Crédit photo: DR



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